Qui sont les acteurs de la finance durable ?

La finance durable mobilise divers acteurs pour intégrer des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance dans les décisions financières. Particuliers, entreprises et institutions contribuent à cette transformation du système financier pour soutenir une économie plus responsable et durable. Le Plan d'épargne avenir climat (PEAC) a été lancé en octobre 2023 pour permettre aux particuliers d'investir dans la transition écologique.

Les particuliers et leur rôle dans la finance durable

Les particuliers jouent un rôle crucial dans le développement de la finance durable en France. Leur épargne, orientée vers des placements responsables, contribue significativement au financement de projets sociaux et écologiques. Cette participation citoyenne à la transition vers une économie plus verte et solidaire se manifeste à travers divers instruments financiers accessibles au grand public.

Les livrets d'épargne réglementée : un levier pour la finance durable

Les livrets d'épargne réglementée constituent un pilier majeur de la contribution des particuliers à la finance durable. Le Livret A, le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) et le Livret d'Épargne Populaire (LEP) canalisent une part importante de l'épargne des Français vers des projets d'intérêt général :
  • Le Livret A finance principalement le logement social et la politique de la ville
  • Le LDDS soutient l'économie sociale et solidaire ainsi que la transition énergétique
  • Le LEP, destiné aux ménages modestes, participe également au financement de ces secteurs
Au 31 décembre 2023, l'encours total de ces livrets atteignait 529,7 milliards d'euros, dont 389,8 milliards pour le seul Livret A. Cette masse financière colossale permet de financer de nombreux projets durables à l'échelle nationale.

Le Plan d'Épargne en Actions (PEA) : un outil pour l'investissement responsable

Le PEA offre aux particuliers la possibilité d'investir dans des entreprises cotées, y compris celles engagées dans des démarches de responsabilité sociale et environnementale. Depuis 2019, le PEA-PME permet également d'orienter l'épargne vers des petites et moyennes entreprises, souvent à la pointe de l'innovation durable.

Le Plan d'Épargne Avenir Climat (PEAC) : une nouvelle opportunité

Lancé en octobre 2023, le PEAC représente une avancée majeure dans l'implication des particuliers dans la finance durable. Ce nouveau produit d'épargne, réservé aux mineurs, vise spécifiquement à augmenter le financement des investissements dans la transition écologique. Les fonds collectés via le PEAC sont investis dans des entreprises engagées dans la réduction de leur empreinte carbone et la préservation de l'environnement.

L'assurance-vie : un vecteur de finance durable en pleine expansion

L'assurance-vie, premier placement des Français avec un encours de 1 908 milliards d'euros fin 2023, intègre de plus en plus d'unités de compte labellisées ISR (Investissement Socialement Responsable) ou Greenfin. En 2023, 42% des unités de compte en assurance-vie étaient labellisées durables, contre seulement 21% en 2020, illustrant l'engouement croissant des épargnants pour la finance responsable.

Le crowdfunding vert : la finance participative au service de la durabilité

Les plateformes de financement participatif spécialisées dans les projets durables connaissent un essor remarquable. En 2023, les particuliers ont investi 158 millions d'euros dans des projets d'énergies renouvelables via ces plateformes, soit une augmentation de 37% par rapport à 2022. Cette forme d'investissement direct permet aux citoyens de s'impliquer concrètement dans la transition énergétique de leur territoire.

Les entreprises engagées dans la finance durable

Les entreprises jouent un rôle central dans la finance durable en intégrant les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) à leurs stratégies d'investissement et de fonctionnement. Cette approche permet de concilier performance financière et impact positif sur la société et l'environnement.

Intégration des critères ESG dans les entreprises

De plus en plus d'entreprises françaises adoptent une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) qui inclut les critères ESG. Selon une étude de l'Observatoire de la RSE publiée en 2023, 82% des grandes entreprises françaises ont formalisé une politique RSE. Cette intégration se manifeste à plusieurs niveaux :
  • Gouvernance : mise en place de comités RSE, diversité dans les conseils d'administration
  • Environnement : réduction des émissions de CO2, gestion durable des ressources
  • Social : politique de diversité et d'inclusion, bien-être des employés

Exemples d'entreprises engagées

Plusieurs grands groupes français se démarquent par leurs engagements en matière de finance durable :
  • EDF : Le groupe énergétique a émis en 2023 pour 5 milliards d'euros d'obligations vertes destinées à financer des projets d'énergies renouvelables.
  • L'Oréal : L'entreprise de cosmétiques s'est fixé l'objectif d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2025 pour l'ensemble de ses sites.
  • Danone : Le groupe agroalimentaire a mis en place une politique "One Planet. One Health" visant à promouvoir des pratiques agricoles durables et une alimentation saine.

Les obligations vertes : un outil de financement durable

Les obligations vertes (green bonds) sont devenues un instrument majeur de la finance durable. En 2023, le marché français des obligations vertes a atteint 63,8 milliards d'euros, soit une augmentation de 15% par rapport à 2022. Ces titres permettent aux entreprises de lever des fonds pour financer des projets à impact environnemental positif. Parmi les émetteurs notables, on peut citer ENGIE qui a lancé en 2024 une obligation verte de 750 millions d'euros pour financer des projets d'énergies renouvelables. La SNCF a également émis en 2023 une obligation verte de 1,5 milliard d'euros pour moderniser son réseau ferroviaire et réduire son empreinte carbone.

Secteurs d'activité en pointe

Certains secteurs se distinguent particulièrement dans l'adoption de pratiques financières durables :
  • Énergie : développement des énergies renouvelables, efficacité énergétique
  • Immobilier : construction de bâtiments à haute performance environnementale
  • Transport : investissements dans la mobilité électrique et les infrastructures vertes
  • Industrie : économie circulaire, réduction des déchets
Par exemple, dans le secteur immobilier, Gecina, leader de l'immobilier de bureaux, s'est engagé à atteindre la neutralité carbone de son patrimoine d'ici 2030. L'entreprise a mis en place un plan d'investissement de 400 millions d'euros sur la période 2021-2025 pour améliorer la performance énergétique de ses bâtiments.

Défis et perspectives

Malgré ces avancées, les entreprises font face à plusieurs défis dans la mise en œuvre de la finance durable :
  • Harmonisation des normes et standards ESG
  • Mesure et reporting de l'impact extra-financier
  • Lutte contre le greenwashing
Pour relever ces défis, la Commission européenne a adopté en 2024 de nouvelles directives sur le reporting extra-financier, obligeant les grandes entreprises à publier des informations détaillées sur leurs performances ESG. Ces mesures devraient contribuer à renforcer la transparence et la crédibilité de la finance durable dans les années à venir.

Les institutions et fonds responsables

Les institutions et fonds responsables jouent un rôle fondamental dans le développement et la régulation de la finance durable en France. Ces acteurs contribuent à façonner le paysage financier en promouvant des pratiques d'investissement éthiques et durables, tout en veillant à la transparence et à la conformité des opérations financières.

Les autorités de régulation financière

L'Autorité des marchés financiers (AMF) et l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) sont deux institutions majeures qui encadrent la finance durable en France. L'AMF veille à la protection de l'épargne investie dans les produits financiers, à l'information des investisseurs et au bon fonctionnement des marchés. Elle a notamment mis en place des exigences de reporting extra-financier pour les sociétés cotées et les gestionnaires d'actifs. L'ACPR, quant à elle, supervise les banques et les assurances, et s'assure de leur intégration des risques climatiques dans leurs stratégies et leurs opérations.

Les instituts de recherche et d'innovation

Plusieurs instituts contribuent à l'avancement de la finance durable en France. L'Institut de l'économie pour le climat (I4CE) produit des analyses et des recommandations pour accélérer la transition vers une économie bas-carbone. 2°Investing Initiative, un think tank international, développe des méthodologies et des outils pour aligner les portefeuilles d'investissement avec les objectifs climatiques. L'Institut de la finance durable, créé en 2022, rassemble les acteurs de la Place de Paris pour renforcer l'expertise française en matière de finance durable.

Le projet Finance ClimAct

Lancé en 2019, le projet Finance ClimAct est une initiative ambitieuse coordonnée par l'ADEME (Agence de la transition écologique) et soutenue par le programme LIFE de l'Union européenne. Ce projet vise à développer des outils, des méthodes et des connaissances nouvelles pour favoriser l'intégration des enjeux climatiques dans le secteur financier français et européen. Il réunit huit partenaires, dont les autorités de régulation et les instituts mentionnés précédemment, pour une durée de 5 ans et un budget total de 18 millions d'euros.

Objectifs et réalisations du projet Finance ClimAct

Le projet Finance ClimAct a permis de développer plusieurs outils innovants, notamment :
  • L'Observatoire de la finance durable, qui collecte et analyse des données sur les engagements et les réalisations des acteurs financiers en matière de durabilité
  • Le rapport "Les Français et la finance responsable", qui étudie les préférences et les comportements des épargnants en matière d'investissement durable
  • Des méthodologies d'évaluation de l'alignement des portefeuilles financiers avec les objectifs de l'Accord de Paris
Ces réalisations contribuent à renforcer la position de la France comme leader européen de la finance durable, tout en fournissant des outils concrets aux acteurs du marché pour intégrer les enjeux climatiques dans leurs décisions d'investissement.

Les fonds d'investissement responsables

En France, de nombreux fonds d'investissement se sont spécialisés dans la finance durable. Selon les données de l'AMF, fin 2023, les encours des fonds labellisés ISR (Investissement Socialement Responsable) s'élevaient à plus de 750 milliards d'euros, soit une augmentation de 25% par rapport à l'année précédente. Parmi les acteurs majeurs, on peut citer Mirova, filiale de Natixis Investment Managers, qui gère plus de 30 milliards d'euros d'actifs exclusivement investis selon des critères ESG et d'impact positif.

Focus sur les fonds thématiques

Les fonds thématiques, qui se concentrent sur des secteurs spécifiques liés à la durabilité, connaissent une croissance rapide. Par exemple, le fonds Sycomore Eco Solutions, lancé en 2015, investit dans des entreprises dont les produits ou services contribuent à la transition écologique. Fin 2023, ce fonds gérait plus de 800 millions d'euros d'actifs, avec une performance cumulée de +85% depuis sa création.
Type de fonds Encours (milliards €) Croissance annuelle
Fonds ISR 750 25%
Fonds thématiques environnementaux 50 40%
Fonds d'impact 15 60%
Ces institutions et fonds responsables constituent l'épine dorsale de la finance durable en France. Leur action coordonnée permet de créer un écosystème favorable au développement d'une économie plus respectueuse de l'environnement et des enjeux sociaux, tout en assurant la stabilité et la performance du secteur financier.

La réglementation et les labels

La réglementation et les labels
La réglementation et les labels jouent un rôle crucial dans l'encadrement de la finance durable, visant à promouvoir la transparence et à lutter contre le greenwashing. Ces mécanismes permettent aux investisseurs et aux consommateurs de faire des choix éclairés, tout en incitant les acteurs financiers à adopter des pratiques plus responsables.

Réglementations européennes

L'Union européenne a mis en place plusieurs réglementations pour encadrer la finance durable :

La taxonomie de l'UE

Adoptée en 2020, la taxonomie européenne établit un système de classification des activités économiques durables. Elle définit six objectifs environnementaux et fixe des critères techniques pour déterminer si une activité contribue substantiellement à l'un de ces objectifs sans nuire aux autres. En 2023, 49% des entreprises européennes cotées déclaraient être alignées avec la taxonomie pour au moins une de leurs activités.

Le règlement SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation)

Entré en vigueur en mars 2021, le SFDR impose aux acteurs financiers de divulguer des informations sur la durabilité de leurs produits. Il classe les produits financiers en trois catégories : Article 6 (pas d'objectif de durabilité), Article 8 (promotion de caractéristiques environnementales ou sociales) et Article 9 (objectif d'investissement durable). En 2023, 18% des fonds européens étaient classés Article 8 ou 9.

Réglementations françaises

La France a également mis en place des réglementations spécifiques :

Article 29 de la loi Énergie-Climat

Adopté en 2021, cet article renforce les obligations de reporting extra-financier pour les acteurs financiers français. Il exige notamment la publication d'informations sur la prise en compte des risques liés au changement climatique et à la biodiversité. En 2023, 92% des investisseurs institutionnels français déclaraient intégrer des critères ESG dans leur politique d'investissement.

Labels de finance durable

Plusieurs labels ont été créés pour certifier les produits financiers durables :

Label ISR (Investissement Socialement Responsable)

Créé en 2016 par le ministère de l'Économie et des Finances, ce label certifie les fonds intégrant des critères ESG dans leur gestion. En juin 2024, 1 127 fonds étaient labellisés ISR, représentant 780 milliards d'euros d'encours.

Label Greenfin

Lancé en 2015, ce label certifie les fonds investissant dans l'économie verte. Il exclut les énergies fossiles et le nucléaire. En 2024, 102 fonds étaient labellisés Greenfin, pour un total de 80 milliards d'euros d'encours.

Label FPCV (Financement Participatif pour la Croissance Verte)

Ce label, créé en 2016, certifie les projets de financement participatif contribuant à la transition énergétique et écologique. En 2023, 215 projets avaient obtenu ce label, pour un montant total de 183 millions d'euros collectés.

Exigences de reporting ESG

Les entreprises et les investisseurs sont soumis à des obligations croissantes de reporting ESG :

Directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive)

Adoptée en 2022, cette directive européenne étend les obligations de reporting extra-financier à un plus grand nombre d'entreprises. Elle s'appliquera progressivement à partir de 2024, couvrant environ 50 000 entreprises européennes d'ici 2026.

Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF)

En France, la DPEF est obligatoire depuis 2017 pour les grandes entreprises. En 2023, 80% des entreprises du CAC 40 publiaient une DPEF conforme aux recommandations de la Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD). Ces réglementations et labels contribuent à structurer le marché de la finance durable, favorisant une meilleure allocation des capitaux vers des activités durables. Cependant, des défis persistent, notamment en termes d'harmonisation des normes et de vérification des données extra-financières. L'engagement croissant des particuliers, entreprises et institutions dans la finance durable laisse présager une accélération de la transition vers une économie bas-carbone. Les régulations et labels se renforceront probablement pour garantir la transparence et lutter contre le greenwashing, tandis que de nouveaux produits financiers durables devraient émerger pour répondre à la demande des investisseurs responsables.
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